Professeur émérite au Collège de France à la chaire de philosophie du langage et de la connaissance, Jacques Bouveresse est le spécialiste reconnu de Ludwig Wittgenstein et de la culture autrichienne du début du 20e siècle (Musil, Kraus, Boltzmann). Récemment honoré par l’attribution du Grand Prix de Philosophie de l’Académie française (2019) pour l’ensemble de son œuvre, il est l’auteur d’une trentaine d’ouvrages. En prononçant cette conférence à l’Université de Genève où il a occupé, de 1979 à 1983, sa première chaire de philosophie, Jacques Bouveresse prolonge ses réflexions sur les relations entre la philosophie et la littérature (La connaissance de l’écrivain, 2008) ainsi que sa contribution très originale à la philosophie de la religion (Le danseur et sa corde, 2014), consacrée à des auteurs aussi divers que Wittgenstein, Nietzsche, Tolstoï et Keller.
Dans cette intervention qui se veut l’écho de l’année Gottfried Keller (2019) en l’honneur du bicentenaire de la naissance de l’écrivain, Jacques Bouveresse présentera l’argument suivant : dans l’admiration que des philosophes aussi importants que Nietzsche et Wittgenstein ont éprouvée pour Gottfried Keller, il entre pour une bonne part la façon magistrale dont la littérature réussit à surmonter le malheur et l’échec qui pourraient rendre la vie insupportable. La place considérable qu’occupe, chez Keller, la question de la religion, est aussi en rapport avec le problème de la valeur de celle-ci comme consolation et comme thérapie supposée, dont il pense que l’on peut en réalité très bien apprendre et parvenir à se passer. C’est un des (nombreux) points sur lesquels, bien qu’il soit un auteur du dix-neuvième siècle, son œuvre, qui est d’une actualité étonnante, mériterait à coup sûr d’être beaucoup plus connue et utilisée, notamment par les philosophes.
La conférence sera prononcée en français, mais la discussion se poursuivra en allemand et en français.
Événement organisé en collaboration avec le Département d’allemand de l’Université de Genève.